1. Idée principale
L’objectif de ce projet était d’étudier les transformations au fil du temps des communautés politiques de soutien aux candidats à l’élection présidentielle. Dans le cadre du datasprint, l’exemple particulier des communautés de soutien à Jean-Luc Mélenchon a été choisi du fait de sa présence lors des trois derniers scrutins en 2012, 2017 et 2022.
La littérature internationale pointe différentes ruptures intervenues dans les usages politiques du web en campagne électorale :
- l’émergence de “partis plateformes” (Gerbaudo, 2019[ref]), c’est-à-dire des organisations politiques labiles, constituées autour de plateformes numériques, structurées autour d’un leader et d’une masse de sympathisants ;
- un recours plus important à la mobilisation électorale des sympathisants sur les réseaux sociaux, notamment après les campagnes de Barack Obama en 2008 et 2012 (Stromer-Galley, 2014[ref] ; Gibson, 2020[ref]) ;
- historiquement en France, une présence importante des communautés numériques de gauche lors des campagnes présidentielles (Cardon et alii, 2011[ref]), puis, ces dernières années, un fort dynamisme des communautés politiques de droite et d’extrême droite sur Twitter (Chavalarias, Gaumont et Panahi, 2019[ref]).
Concernant le cas d’étude longitudinale des communautés soutenant Jean-Luc Mélenchon, les hypothèses identifiées et à tester étaient :
- que la structuration de la communauté politique qui soutient Jean-Luc Mélenchon est révélatrice des configurations politiques dans lesquelles il a évolué : soutien d’une coalition de partis “traditionnels” en 2012, constitution d’un “parti plateforme” (La France insoumise) avec le soutien d’un parti traditionnel (le Parti communiste français) en 2017, soutien d’un parti plateforme uniquement en 2022 (LFI seule) ;
- que les modes d’organisation de la campagne en ligne reposent sur des supports dynamiques qui évoluent avec les usages du numérique, marquant un passage de campagnes électorales associées plutôt à des sites et des blogs (années 2010) à des campagnes reposant plutôt sur les réseaux sociaux (depuis 2017) ;
- que l’amplitude de la mobilisation des communautés politiques numériques de gauche en ligne en campagne s’affaiblit au fil du temps, au profit notamment de l’extrême droite.